Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Brad
6 mars 2007

Hypocrisie bien ordonnée…

En ce premier et beau dimanche de mars, direction Fontainebleau. Une lubie matinale de "la compagne de mes jours" alors que nous n'avions pas encore quitté le "pajot" et que je ne me suis pas risqué de contrarier. Non que ma chère et tendre soit agressive quand on la contredit, mais depuis quelque temps elle est adepte du "soulevage" de fonte, entre autres gesticulations "movingnesque" qui donnent des muscles, je me méfie donc un tantinet. Je tiens à mon intégrité physique, n'est ce pas légitime? Donc, mieux vaut prévenir que guérir, prudence est mère de sûreté, comme on dit. Et, " Oh! Oui chérie allons donc à Fontainebleau, oh! oui oh! oui quelle merveilleuse idée". Hypocrite? Certes, mais beaucoup moins risqué. Que je sois toujours en vie n'est pas un hasard.

Donc, environ une heure plus tard, après avoir stationné notre véhicule à une demi lieue du centre ville, trouver une place de stationnement dans ce bled étant un véritable calvaire, nous déambulions dans les rues de Fontainebleau. Quelle riche idée nous avions eu là! L'ambiance de "la cité impériale", un dimanche matin, n'est pas la panacée. Bien sûr, comme partout tout était fermé, mis a part quelques bars ou brasseries qui, dés l'ouverture avaient été assaillis par un banc de rémoras de comptoir et autres pochards notoires, ventousés au zinc, dans des postures à faire pâlir tout professeur de maintien et qui ingurgitaient leur premier muscadet matinal, celui qui est censé faire disparaître ces foutus tremblements qui trahissent leur alcoolisme profond, la cuite dominicale viendrait plus tard, chaque chose en son temps.

Le seul lieu d'animation, si on peut dire, se trouvait place de la République, tout les dimanches s'y implante un marché minable. Boubous, marabouts, marchands de matelas et rempailleurs de chaises manouches y côtoient divers camelots et autres marchands de bric et de broc n'ayant comme seul intérêt que celui d'être vendu... La misère mercantile. La réputation de ce patelin est surfaite. J'allais me laissé aller au désespoir et gagner par l'ennui quand s'est offert à moi un improbable mais grandiose spectacle.

Là, devant moi, à la sortie de la messe j'avais trouvé plus hypocrite que moi, bon ce n'est pas dur je ne suis qu'un petit joueur, un amateur éclairé dirons nous. Mais à Fontainebleau nous avons de belles bêtes de concours en ce domaine, la sortie de la messe, rue de la Paroisse à Fontainebleau est un haut lieu de l'hypocrisie bellifontaine. Ah! que c'est beau de voir à l'œuvre ceux qui savent, ceux qui ont du métier, de l'expérience, de la maîtrise. Bon ils s'entraînent tout les dimanches aussi, ils n'ont pas vraiment de mérite. Personnellement, je ne m'adonne à cet exercice qu'un dimanche de temps en temps, d'ailleurs ce matin, bien que je pense tout de même m'en être pas trop mal tiré, le manque de pratique à bien failli me laisser surprendre, j'ai réagi un peu à l'arrache, il faut que je me ressaisisse. je n'offre pas non plus mon hypocrisie en spectacle, à mon niveau je préfère être modeste et rester discret. Je pratique donc essentiellement dans la sphère privée, la vantardise n'est pas mon truc! Hein?... Mais non. Ce dimanche matin, par contre, rue de la Paroisse, il eut été dommageable, à ce degré de qualité, à ce niveau de maîtrise de l'art, d'en priver la populace.

Oui, quel spectacle, du grand art, que dis je, de la virtuosité pure dans l'hypocrisie, au grand jour, à la vue de tous. J'en eu la larme à l'œil tellement ce fut beau. Là devant moi, le porche de l'église Saint-Louis, tel une grande bouche, vomissait son flot d'hypocrisie chrétienne bellifontaine. Le bon roi Louis IX, canonisé pour sa charité, devait s'en retourner dans sa tombe. Tous ces "bourgeois bohèmes" suffisants, ces "culs bénis" repus des boniments de l'église catholique prêchant la bonté, le partage, l'aumône et auxquels, en ce dimanche, un de plus, ils venaient tous d'adhérer deux minutes plus tôt, signifiant un "oui, ainsi soit il" dans un grand "amen" collégial, n'avaient pas encore posé les pieds sur l'asphalte de la chaussée que déjà ils avaient tout renié. Ignorant ce pauvre hère, assit sous le porche de leur temple de l'hypocrisie, une main miséreuse, au bout d'un bras tendu, implorant une pièce. L'autre main, toute aussi miséreuse, agitant devant sa bouche un petit harmonica d'où sortait une toute aussi misérable cacophonie, offrant aux badauds un spectacle dérisoire, un leurre, lui permettant de penser qu'une hypothétique piécette ne serait pas une aumône mais un paiement en retour de sa piètre représentation musicale, une duperie intrinsèque sauvegardant ce qui lui restait de fierté. Mais non, rien, pas une ouailles de cette paroisse n'a mis en application les préceptes évangéliques dont ils s'enorgueillissent. Certains se sont même pris les pieds dans le pauvre type comme on le fait dans un tapis!

J'assistais au spectacle du trottoir d'en face. Une pure merveille! Un joyaux! Un régal!

Arf!
Brad!

P.S: Bien sûr, maintenant l'indigent sait qu'il est nul à l'harmonica!

Publicité
Commentaires
Publicité